Une impression de malaise

J’ai appris à connaitre et à aimer l’Afrique depuis longtemps, et plus particulièrement durant les 5 années pendant lesquelles j’ai eu la responsabilité d’assurer la promotion de la Cote d’Ivoire en Europe. Cette mission s’est brutalement interrompue fin 1999, lors du premier putsch militaire qui a ouvert une longue période de déstabilisation et de déclin de ce pays phare pour toute l’Afrique de l’Ouest. Une partie du destin du continent et donc du monde se joue en Côte d’Ivoire, et personne de raisonnable ne peut se désintéresser des drames humains, économiques, sociaux, géopolitiques que la guerre civile a entraînés. Personne de raisonnable ne peut, non plus, refuser de se féliciter de la fin de la folie meurtrière qui a marqué la chute de Laurent Gbagbo.

Pourquoi, dans ces conditions, ressent-on une impression de malaise, alors même que notre pays a été exemplaire  dans son intervention pour mettre un terme à cette situation ? Parmi sans doute bien des raisons, je veux en aborder deux qui tiennent à la couverture médiatique des événements.

La grande question qui semblait obséder de nombreux  journalistes était de savoir si des soldats français étaient présents dans la résidence présidentielle lors de l’arrestation du Président sortant. C’est une question dérisoire face à l’enjeu d’arrêter les tueries. Mais tout fait matière pour vendre, pour chercher le sensationnel, pour alimenter la polémique. On ne demande pas forcement aux médias de souligner le volontarisme du Président de la République française mais peut-être devrait-on au moins saluer le rôle moteur de la France dans la construction d’une société-monde qui défend la liberté des peuples, les droits de l’homme et la paix. Peut-être devrait-on aussi louer la capacité de nos forces armées à agir en faveur de nos ressortissants et à protéger les populations civiles.

Une autre raison de ce malaise tient aux images de l’arrestation complaisamment diffusées par les télévisions. Images détestables d’un homme en maillot de corps s’épongeant les dessous de bras et d’une ancienne première Dame, qui paradait quelques semaines plus tôt et se trouve là, seule, hébétée, abasourdie face à son destin tragique.

Trop de persiflage d’un côté pour ne pas approuver l’action de la France, trop d’obscénité de l’autre pour exploiter le scoop.

Il est vraiment des circonstances dans lesquelles on rêve d’un journalisme positif et même, disons- le, citoyen.

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