Principe de précaution

Pandémie grippale, tempête Xynthia, nuage de cendres dû à l’éruption du volcan islandais, le débat est permanent autour du principe de précaution.

Convenons d’abord que tout dispositif public et contraignant doit être réservé aux risques avérés. La prévention doit s’exercer autour de quelques priorités en matière de sécurité, de santé, d’environnement et, afin de lui garder sa crédibilité, ne pas être revendiquée pour tout et n’importe quoi.

J’entends et je lis (récemment encore dans le journal Le Monde sous la plume de Franck Nouchi), tous ceux qui commentent abondamment les crises a posteriori, alors que la difficulté est évidemment de les gérer pendant. Ils prétendent que l’objectif majeur pour le politique est « d’exagérer le danger de manière à éviter toute mise en cause ». C’est ignorer que le premier principe d’une gestion de crise est de maximiser la menace et de prendre en compte l’hypothèse la pire. Que n’auraient-ils dit d’ailleurs si le virus de la grippe A s’était renforcé en mutant, tout en gardant la même rapidité de transmission ? Que diraient-ils demain si une nouvelle tempête arrivait sur nos côtes sans que l’État ait pris des dispositions pour protéger la vie de nos concitoyens ?

Le deuxième principe de gestion de crise, puisqu’on gère des incertitudes (ce qui devrait inciter les commentateurs à un peu d’humilité), est de se donner des marges de manoeuvre dans la mise en oeuvre des plans d’action. Il est tout à fait évident, dans le cas de la grippe A, qu’il aurait été souhaitable d’associer d’emblée les médecins, ce qui n’a pas été possible du fait des délais de livraison des vaccins et de leur conditionnement.

Il est évident, malgré les polémiques sur le coût, que l’État doit rester mobilisé dans la perspective d’une pandémie grippale de type H5N1 qui risque un jour ou l’autre de frapper le monde. Nous n’avons pas géré en situation réelle une crise de moindre gravité pour nous trouver pris de court par une situation qui mettrait immédiatement en cause trop de vies humaines et le fonctionnement de la société.

De la même façon, il convient, après Xynthia, de protéger la vie des habitants les plus menacés, en les indemnisant bien sûr, et de le faire dans des conditions incontestables au niveau du périmètre de sécurité.

Toute la problématique d’une gestion de crise, face à un risque majeur, est donc le meilleur équilibre possible à trouver entre la maximisation de la menace et l’application de mesures justes et réalistes. On le vit encore aujourd’hui avec le nuage de cendres provenant d’Islande.

Personne n’a l’air de vraiment contester les mesures de précaution. Mais après coup viendront, comme toujours, les premières critiques : fallait-il vraiment en faire autant ? Certains vols n’ont-ils pas été exagérément annulés, le coût économique est-il vraiment justifié par rapport à ce gros nuage qui n’a fait que passer, etc…

Peut être au fond, compte tenu de tous les éléments que je viens de décrire, l’État est-il condamné à être accusé soit de ne pas en faire assez comme lors de la canicule, soit d’en faire trop comme pour la grippe A.

À choisir entre les deux, je laisse à chacun le soin de dire ce qu’il préfère.

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