Nicolas Sarkozy

Sarkozy, de l’échec au come-back : L’Avant-Propos

Quelle bataille !

Une malédiction frappe-t-elle en France les présidents candidats ? les seuls qui ont été réélus n’exerçaient plus, du fait de la cohabitation, le pouvoir de gouverner. La difficulté de cumuler l’expérience et le changement se trouve dans cette singularité française.

Nicolas Sarkozy a tenté de relever ce défi malgré la crise, malgré l’impopularité qui frappe tous ceux qui sont aux manettes et conduit généralement à l’échec électoral. Reconnaissons sa performance d’être presque parvenu à vaincre cette fatalité.
J’ai écrit ce livre au fur et à mesure du calendrier, assumant le risque de ne pas revenir sur ce que j’avais écrit. Ce carnet de bord est celui d’un ami engagé en faveur de Nicolas Sarkozy. Celui d’un communicant non directement impliqué dans la campagne au quotidien. En tant que conseil extérieur, j’ai toujours conservé l’autonomie de mon fonctionnement et de mon expression. Je n’ai jamais eu vocation à intégrer à temps plein une équipe de campagne. Cela me permet de conserver dans l’analyse le maximum d’indépendance et un minimum d’objectivité.

Je vous livre donc une véritable plongée dans cette campagne, de septembre 2011 au 6 mai 2012 et aux quelques semaines qui complètent ce feuilleton de l’alternance. Je ne cache rien de mes convictions, de mes analyses, de mes recommandations, de mes doutes, mes déceptions, mes erreurs aussi.

Au fond, malgré tous les handicaps du président sortant, je ne pensais pas réellement possible la victoire de François Hollande. Jamais, sous la Ve République, on n’avait élu un président sans qu’il ait fait ce que j’appelle dans cet ouvrage le parcours initiatique avec des responsabilités gouvernementales et une connaissance du monde.

L’homme normal a gagné, alors même que les circonstances sont exceptionnelles, et peut-être d’ailleurs à cause de cela. Et il l’a fait en tenant, une année durant, le même cap, les mêmes engagements, la même attitude, cette extrême prudence, ne pas prendre de risques, conditions selon lui d’une stratégie gagnante. Dans ses premières interventions télévisées, derrière le président perce encore le candidat. Aucune rupture, toujours la constance dans cette normalité, guère d’analyse en profondeur, pas non plus de grands dégagements sur l’état du monde. Cette banalité vise à rassurer. Elle risque vite de devenir inquiétante.

Je vais donc devoir remettre à jour mes logiciels issus de ma pratique des campagnes présidentielles depuis celle de Jacques Chaban-Delmas en 1973. Je regrette d’autant plus ce rendez-vous manqué de Nicolas Sarkozy avec la France qu’à moins de 2 % d’écart, il aurait peut-être été possible d’inverser la tendance.

Les lendemains de défaite sont cruels pour les collaborateurs et les conseillers. Dès les élections législatives passées, vous allez entendre vouer aux gémonies Messieurs Buisson, Giacometti, Louvrier et consorts. Il faut faire la part des choses. J’explique dans les pages qui suivent en quoi la stratégie « Buisson » comme on l’a qualifiée, de s’adresser en priorité aux classes populaires était la bonne. Je dis aussi pourquoi et comment j’aurais déployé différemment la campagne au second tour comme la tactique du face à face avec François Hollande.

Le premier tour des élections législatives semble confirmer mon pronostic. Les Français pensent que, quitte à avoir changé de président, il faut lui donner la chance de faire ses preuves… ou tous les moyens de se planter. La seule inconnue, à mes yeux, réside dans le fait de savoir si ce sera une majorité absolue pour le Parti socialiste ou relative. Dans cette dernière hypothèse qui est la mienne, les difficultés s’amplifieront avec la surveillance écologiste et la surenchère du front de gauche.

Dès le lendemain des législatives, les couteaux s’affuteront pour le leadership de l’UMP avec, en visée, la conquête de l’Elysée en 2017. J’invite, sur ce dernier point, les protagonistes à la prudence. Comme je l’explique en conclusion, je ne doute pas une seconde que Nicolas Sarkozy va se consacrer à fond à sa nouvelle vie. C’est dans son tempérament. Si les circonstances l’exigent, en particulier la crise, si la « normalité » finit par décevoir, la France lassée par cette « banalitude » attendra à nouveau un champion. Nicolas Sarkozy, par son score, l’élégance de son départ, son expérience incontestable, la popularité qu’il va retrouver, préserve toutes ses chances de faire un come-back.

En France l’alternance est un éternel recommencement, les feuilletons ont toujours une suite. Mais commençons par le dernier épisode.

L’HYPER-PRESIDENT HYSTERISE NICOLAS DOMENACH

Voici Nicolas Domenach bien emporté, cette semaine, dans l’hebdomadaire Marianne,  pour faire d’un échec électoral aux régionales un séisme présidentiel national.

Il manque un grand absent dans son panorama, c’est la crise. Elle crée évidemment un phénomène de halo autour de la plupart des réformes qui ont été engagées. Mais elle ne les efface pas. Ni les heures supplémentaires défiscalisées pour les ouvriers. Ni la diminution de la caution pour louer un logement. Ni les 40 à 50 % de trains ou de métros que vous avez en période de grève avec le service minimum. Ni le retour au travail de bénéficiaires du RSA. Ni le retard rattrapé de la France par rapport à ses voisins sur les droits de succession. Ni l’augmentation des contrats de transition professionnelle ou de l’activité partielle. Ni la baisse des charges des entreprises avec notamment la suppression de la taxe professionnelle.  Et je pourrais en écrire sur 3 pages…

Nicolas Domenach ne doit pas prendre ses désirs pour des réalités. Il y aura une sortie de crise, ce pays repartira. En période de croissance, il faut libérer les énergies pour créer le maximum d’activités et d’emplois. En période de crise, il faut encore plus protéger les plus faibles (toutes les  mesures d’urgence, en 2009, ont concerné les Français les plus touchés par la crise). Cela n’a rien à voir avec jouer au yo-yo entre libéralisme et régulation. Dès 2007, le projet présidentiel était beaucoup plus équilibré et plus gaulliste que ne feint de le croire Nicolas Domenach.

Ne surestimons pas ce qu’il appelle « les creux dépressifs ». Il est vrai que le « nous » collectif n’a pas le moral. Mais le « je » individuel, dans toutes les enquêtes (salariés, patrons, cadres, etc.), est beaucoup plus volontaire. Tout le monde convient (sauf Nicolas Domenach ?) que la France a traversé cette crise beaucoup mieux que la plupart de nos voisins. Cela  finira par se voir et se savoir sans même se demander si la concurrente de 2007  l’aurait mieux dirigée.

Enfin, il faut rester calme sur le leadership présidentiel prétendument menacé. Les majorités sont vivantes et donc parfois bruyantes. Elles savent aussi où se situent les véritables enjeux et les vrais risques. Le Président est là et bien là. Sa légitimité est entière, ceux qui en doutent en auront la démonstration dans les mois qui viennent. Le journaliste conclut sa diatribe en écrivant que le Président pédale dans le vide. Je veux le rassurer. Je ne sais pas si vous faites du vélo mais un vrai cycliste, surtout par grand vent, ne pédale jamais dans le vide.

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