Moderniser la communication électorale

Il est vrai que nos campagnes électorales sont devenues assez tristes. On peut se poser la question de savoir en quoi la réglementation y est pour quelque chose.

J’ai participé, voici quelques jours, à un dîner-débat avec Michel  Rocard, l’auteur de la loi du 15 janvier 1990 qui réglemente la communication en période électorale.

Acquis considérable de cette loi sur lequel on ne reviendra plus : éviter les abus du passé en plafonnant les dépenses et en contrôlant les recettes.

Inconvénient  majeur : le législateur a voulu aussi interdire la publicité par voie d’affichage et dans la presse trois mois avant le scrutin (de 3 à 4 mois plus exactement, je vous passe les détails juridiques).

A partir de l’instant où les dépenses sont plafonnées et contrôlées durant l’année qui précède l’élection, il est vrai que l’on se demande pourquoi, en plus, le législateur a interdit la publicité par voie de presse ou d’affichage. On peut même juger cette interdiction superfétatoire, ce qui est l’avis de Michel Rocard lui-même. Les publicitaires diraient : pas la peine de vouloir laver plus blanc que blanc.

Tout en respectant le plafond, chaque candidat pourrait choisir d’investir, jusqu’à l’ouverture de la campagne officielle, soit dans un envoi postal, soit dans un affichage, soit dans  une annonce dans la presse locale ou bien encore dans un meeting.

Il y a peut-être surtout une avancée considérable à faire dans le domaine de ce qu’on appelle encore curieusement « la propagande officielle ».

On peut d’abord finir de moderniser les émissions électorales officielles à la télévision en optant uniquement pour des formats courts et en permettant une liberté totale de production évidemment sous le contrôle du CSA.

Pour ce qui est de l’affichage à l’entrée des bureaux de vote et de l’envoi à domicile des professions de foi et des bulletins de vote, il apparaît clairement que ces supports sont complètement dépassés et que, de plus, ils coûtent très cher (par exemple, 67 millions d’euros pour la présidentielle de 2002 uniquement pour les frais de libellé, de mise sous pli et les dépenses postales). Ils coûtent d’ailleurs de plus en plus cher avec la multiplication du nombre de candidats.

Une réforme profonde pourrait passer par la rénovation des supports (un guide des candidats à la place des professions de foi), leur rationalisation (un seul envoi par foyer),  leur modernisation (création de portails Internet des candidats et des projets).

Pour ce qui concerne les affichettes à l’entrée des bureaux de vote, il est loin le temps où les candidats demandaient à leurs militants, quitte à y passer la nuit, d’être les premiers à l’ouverture de la préfecture pour disposer du panneau n° 1 censé être plus visible. Il suffit de regarder aujourd’hui autour de nous : les panneaux restent parfois vides des journées entières et les affichettes sont très inégalement mises en place. Un sondage Ipsos réalisé les 5 et 6 février derniers indique d’ailleurs que seulement 23,8% des Français jugent utiles à la détermination de leur suffrage les affiches apposées à l’entrée de leur bureau de vote. On pourrait donc se demander si des panneaux d’expression libre ne suffiraient pas, ce qui permettrait de réinvestir des moyens notamment sur l’internet.

Chacune de ces pistes doit être approfondie autour d’un double enjeu :

•    Une meilleure utilisation de l’argent public
•    Une communication mieux adaptée à son époque et capable de mieux mobiliser les électeurs

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