Mieux vaut-il croire un journal ou un publicitaire ?

J’ai répondu, sur LePost.fr, à un billet d’un blogueur qui y reprenait une information du quotidien Libération, selon laquelle la centrale d’achat d’espace de toutes les campagnes de communication des opérateurs publics était chargée de mobiliser – avec un budget de 120 millions d’euros – des équipes dédiées au story telling en faveur du chef de l’Etat.

J’ai parlé de fantasmes. Le budget évoqué est en effet celui de la totalité des campagnes de communication publique, dont les deux tiers portent sur la sécurité routière, la santé, l’environnement et la lutte contre le cancer. Les marchés sont publics, la transparence totale, les messages signés. Tout est contrôlé par le Parlement et la Cour des Comptes. Il n’y a aucune place dans ces procédures pour du soi-disant story telling politique.

Ce que j’ai trouvé le plus signifiant, ce n’est pas tellement qu’un journal comme Libé cherche du sensationnel, disons… aléatoire, ni même la reprise de l’argumentation par LePost. Ce sont les commentaires qui ont suivi ma réponse.

Il n’y a quasiment aucun argument, aucune idée de réfuter mes propos, rien qui donne un peu de sens à la critique. Au mieux, on trouve une vague interrogation « peut-être dit-il la vérité… », une disqualification par la fonction « dur d’être crédible quand on est le directeur du service d’information d’un tel gouvernement ». Pour le reste, on est plutôt dans le genre « clown reconnu » ou « mais mon gars ça fait perpet’ qu’on ne croit plus vos délires ». Avec enfin la question qui tue : «mieux vaut-il croire un journal ou un publicitaire ? ».

On voit bien, au fond, que la question n’est pas de quoi on parle mais qui le dit. L’enjeu n’est ni le sujet, ni l’argumentation développée, ni la crédibilité. L’enjeu est uniquement celui de la posture : il y a des choses auxquelles on peut et même auxquelles on doit croire systématiquement, d’autres pas. C’est la négation de l’échange, du dialogue, de la confrontation. C’est une forme de perte de son autonomie, comme si l’on négligeait son libre arbitre, l’indépendance de sa pensée, la capacité de mesure au profit de clichés, de rejets systématiques, d’exclusion et pour tout dire d’extrémisme.

Ce à quoi il faut croire, plus qu’un journal, un publicitaire ou quiconque, c’est à notre capacité à être libre, à rechercher toutes les informations, à accepter la contradiction, à nous enrichir de nos différences, à respecter les autres et spécialement les adversaires.

Cela pourrait se définir comme une approche démocratique sur laquelle certains habitués des commentaires sur le Net ont encore quelques progrès à faire.

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