Les fantasmes sur le Front National

Dans son bloc-notes de l’hebdomadaire Marianne, Jean-François Kahn théorise comme d’autres sur la remontée du Front National et va jusqu’à imaginer une alliance future inéluctable entre une UMP affaiblie et un Front National revigoré.

Remettons d’abord les choses à leur juste place. Cette « percée » du Front National a été d’autant plus limitée qu’il a été éliminé du second tour dans plus de régions qu’en 2004 ce qui est quand même un indicateur de perte d’influence nationale.

Admettons aussi que le score du Front National et celui de la gauche sont apparus d’autant plus élevés que l’abstention d’une partie de la droite républicaine a été significative.

Et puis relevons que la situation est bien différente pour des élections présidentielles ou législatives, des consultations à enjeux forts et participation électorale massive.

Jean-François Kahn rejoint dans ses analyses la thèse de M. Todd, démographe, qui déclarait dans Libération du 18 mars « au point que, par défaut, le Front national se retrouve presque en situation d’occuper le rôle de la droite traditionnelle ». Il est vrai que M. Todd a de la constance dans l’analyse … et l’erreur. Il pronostiquait déjà, pour la présidentielle de 2007 un effondrement des deux grands partis qui selon lui « n’intéressaient plus personne » et un triomphe du Front National. On sait ce qu’il en est advenu.

Il me semble que nous sommes ici dans une sorte de fiction, d’obsession, la résultante d’une forme d’hystérie anti-Sarkozy.

Lorsque Nicolas Sarkozy, candidat aux présidentielles, fait reculer le Front National, il est accusé de courir après l’extrême droite. Et les mêmes, 3 ans plus tard, exagèrent à souhait la remontée du Front National, toujours pour l’accabler.

Certains devraient ouvrir les yeux, voir un peu partout en Europe une montée du populisme accentuée par la crise, les difficultés sociales, la peur du déclassement, sans commune mesure avec ce qui se passe en France. On ne fait pas baisser la fièvre en cassant le thermomètre mais en apportant des solutions, en réformant, en modernisant ce pays dans la perspective de la reprise, en prouvant – et c’est ce sur quoi Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 – que le syndrome de la dépossession du politique par rapport à l’économie et la finance mondialisées n’a rien d’inéluctable.

Elle est bien là, au delà des anathèmes et des outrances, la vraie réponse à l’inquiétude et parfois la désespérance : avoir encore prise sur notre destin.

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