L’ENGAGEMENT FACE À LA DÉSIMPLICATION

J’étais bien loin de penser en ouvrant en 1990 mon livre  » Nous sommes ici par la volonté des médias ” par une anecdote sur une secte américaine que, 30 ans plus tard, le comportement de ses adeptes allait faire école partout.

Je parlais des  » patates de sofa ”, une association pour laquelle la vraie vie était à la télévision. Pas de pause déjeuner, on mange devant le poste. L’amour ? Est-ce vraiment utile ? C’est plus excitant de regarder un porno ou alors pendant les pubs. Les courses ? Il suffit de commander sur écran. Sortir ? Vous risquez de vous faire agresser. Voyager ? A quoi bon, on découvre le monde à la télé.

Comment en est-on arrivé à ce que ces comportements extrêmes, ce choix du virtuel à l’encontre du réel, finissent par imprégner nos comportements d’aujourd’hui ?

Il y a d’abord la commodité. Plus la peine d’aller chercher, tout vient à vous. La nourriture, la presse, les journaux, les vêtements, les voyages et même l’amour avec les sites. Nous sommes Netflixés, Amazonisés, Uberisés, Tinderisés.

Le confinement a brisé des couples et des familles comme si le fameux vivre ensemble était trop contraignant, comme si la solitude devenait tendance, le vivre seul le nec plus ultra.

Toutes les formes de repli, accentuées par le télétravail et la limitation des interactions humaines sont à l’œuvre.

On voit bien que des approches séduisantes comme le lâcher-prise, la recherche du zen, du light, de la distanciation ont aussi un côté pervers.

La désimplication gagne dans tous les domaines, personnel, professionnel, électoral.

Elle augmente la tentation des fantasmes, des fake-news, du complotisme, tellement aisés à trouver sur tous les réseaux.

Je ne penserai jamais que c’était mieux avant, je n’ai pas la nostalgie de ce passé qui ne reviendra jamais. Mais, comme optimiste lucide, je mesure ce que nous pourrions perdre avec cette forme de standardisation moderne dans le monde virtuel : la vraie proximité, le journal ou le livre dont on feuillette avec bonheur les pages, le spectacle vivant, le cinéma, le théâtre, la singularité de la rencontre inattendue entre 2 êtres…

La réponse est claire. Garder le meilleur du progrès. S’engager dans tous les réseaux de contact, d’échange, de bienveillance, de bénévolat, où l’on fait lien.

Plus que jamais le combat pour la mobilisation des énergies positives fait sens.

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