La nouvelle génération est une chance (Extrait du « Manifeste pour l’optimisme »)

Nous avons un motif d’espoir supplémentaire, c’est le renouvellement des générations. La Fondation pour l’Innovation politique a fait réaliser par TNS-Sofres, fin 2010,  une remarquable enquête auprès des jeunes dans vingt-cinq pays. Certes, les jeunes Français sont plutôt dans la même situation que les adultes entre confiance individuelle et pessimisme collectif, satisfaction de leur vie personnelle et insatisfaction de la situation générale de leur pays mais en plus atténuée.

Contrairement aux adultes qui pensent que leurs enfants seront moins heureux qu’eux et  rejettent la mondialisation, ils sont en majorité satisfaits de l’époque dans  laquelle ils vivent et estiment que la mondialisation est plutôt une opportunité. Ils ne s’enferment pas dans cette contradiction qui consiste à consommer, sans se poser de questions, les produits du monde entier tout en rejetant la mondialisation. Ces données, même timides, sont significatives. La nouvelle génération se détache plus rapidement que les précédentes de notre héritage de défiance. Elle a un rapport décomplexé à l’argent, dont on a vu qu’il est à l’origine de l’engrenage de la défiance, n’a aucune nostalgie du passé qui fait douter de l’avenir. Elle est peu encline aux idéologies et ce n’est pas à elle que vous ferez croire que par un coup de baguette magique on peut changer la vie, la société ou la civilisation.

Sa relation à l’Etat est plus réaliste, moins dépendante. Je l’ai mesuré, en 2010, lors du lancement, à l’initiative des pouvoirs publics et de Skyrock, de la plate-forme jeunes WAKA. A cette occasion, plusieurs enquêtes spécifiques ont été réalisées auprès des jeunes et 150 000 d’entre eux ont répondu, avec 300 000 contributions, à la plus grande consultation de la jeunesse organisée depuis près de 20 ans. Sans surprise, leurs préoccupations sont d’abord d’ordre intime, dans la sphère de proximité, santé, accès aux soins, sexualité. Contrairement à une idée reçue, il n’y a aucun rejet, a priori, de l’Etat mais une relation opportuniste, en fonction des besoins et une attente forte d’accompagnement pour les aider à construire leur autonomie, à gérer leur projet de vie.

Cette génération est au fond utilitariste, non d’une façon égoïste ou cynique mais au sens philosophique de l’utilitarisme de Bentham et de Stuart Mill. La justesse d’un acte se juge non pas en tenant compte des principes (surtout ceux qui sont imposés) mais d’après ses conséquences et doit tendre, y compris pour les autres, à augmenter la satisfaction, les avantages, le bonheur. Ce « conséquentialisme » part d’une  démarche individuelle mais considère le bien-être de tous qu’il soit physique, moral ou intellectuel. Nous sommes passés du moi-je, le repli de l’individu sur lui-même, au moi-nous, se réaliser personnellement mais en connexion avec les autres.

Les jeunes d’aujourd’hui regardent le monde tel qu’il est sans se réfugier dans la crainte, sans recourir à la victimisation, sans chercher de boucs émissaires. Dominique Reynié, le directeur de la fondation, écrit que « le manque d’ambition » entrave la jeunesse, alors « qu’elle est désireuse de prendre pied dans une vie nouvelle à laquelle la globalisation confère  le projet et le souffle qui font défaut à beaucoup de nations ».

Cette lucidité et ce réalisme n’en font ni une génération sacrifiée ni, moins encore, un péril jeune mais une chance pour construire une société plus confiante.

 

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