Les pouvoirs publics et Skyrock lancent «La Grande Consult’» | Le Figaro
Thierry Saussez, le délégué interministériel à la communication auprès du Premier ministre et directeur du Service d’information du gouvernement (SIG), est l’invité du «Buzz Média Orange-Le Figaro».
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Plus de 57 000 réponses déjà enregistrées sur une petite semaine. Le site La Grande Consult’, qui se présente comme «la grande consultation nationale de la nouvelle génération», démarre sur les chapeaux de roues. Cette initiative conduite par les pouvoirs publics en partenariat avec le groupe Skyrock doit permettre de faire vivre un site de sondages et d’expression directe sur tous les sujets de la nouvelle génération: études, projets professionnels, santé, environnement, argent, famille, Internet… sans oublier toutes les mesures «jeunes» du gouvernement. Les internautes de 16 à 25 ans ont aussi la possibilité, dans un espace participatif, de les commenter, de poser leurs propres questions, de donner leur avis… Deux raisons majeures expliquent ce projet: «D’une part, les jeunes sont le public le moins impacté par les campagnes de communication traditionnelles, celles du gouvernement comme celles des autres annonceurs, parce que leur pratique de consommation des médias est différente. Nous avons donc pensé qu’il fallait créer un support spécifique à la relation avec eux, souligne Thierry Saussez, ancien patron de l’agence Image et Stratégie Europe nommé il y a deux ans délégué interministériel à la communication auprès du Premier ministre et directeur du Service d’information du gouvernement (SIG). D’autre part, les enquêtes d’opinion menées auprès des jeunes montrent que le gouvernement est légitime à communiquer en leur direction particulière. Simplement, ils nous disent: ne communiquez pas avec nous comme un parent critique, sur le ton de l’injonction ou de la moralisation, mais soyez avec nous des accompagnateurs, plus des mentors». Première radio sur les moins de 25 ans et premier réseau social de blogs, la marque Skyrock offre d’entrée de jeu de la puissance à la plateforme La Grande Consult’, qui doit accueillir plus de 200 sondages. 2 millions d’euros y sont investis à parité par les pouvoirs publics et Skyrock.
Actuellement en pleine action sur le thème des retraites, le SIG a piloté 105 campagnes de communication gouvernementale en 2009, contre une soixantaine l’année précédente. La moitié de ses investissements publicitaires dans les médias – entre 100 et 145 millions d’euros nets par an – concerne la sécurité routière, la santé et l’environnement.
Principe de précaution
Pandémie grippale, tempête Xynthia, nuage de cendres dû à l’éruption du volcan islandais, le débat est permanent autour du principe de précaution.
Convenons d’abord que tout dispositif public et contraignant doit être réservé aux risques avérés. La prévention doit s’exercer autour de quelques priorités en matière de sécurité, de santé, d’environnement et, afin de lui garder sa crédibilité, ne pas être revendiquée pour tout et n’importe quoi.
J’entends et je lis (récemment encore dans le journal Le Monde sous la plume de Franck Nouchi), tous ceux qui commentent abondamment les crises a posteriori, alors que la difficulté est évidemment de les gérer pendant. Ils prétendent que l’objectif majeur pour le politique est « d’exagérer le danger de manière à éviter toute mise en cause ». C’est ignorer que le premier principe d’une gestion de crise est de maximiser la menace et de prendre en compte l’hypothèse la pire. Que n’auraient-ils dit d’ailleurs si le virus de la grippe A s’était renforcé en mutant, tout en gardant la même rapidité de transmission ? Que diraient-ils demain si une nouvelle tempête arrivait sur nos côtes sans que l’État ait pris des dispositions pour protéger la vie de nos concitoyens ?
Le deuxième principe de gestion de crise, puisqu’on gère des incertitudes (ce qui devrait inciter les commentateurs à un peu d’humilité), est de se donner des marges de manoeuvre dans la mise en oeuvre des plans d’action. Il est tout à fait évident, dans le cas de la grippe A, qu’il aurait été souhaitable d’associer d’emblée les médecins, ce qui n’a pas été possible du fait des délais de livraison des vaccins et de leur conditionnement.
Il est évident, malgré les polémiques sur le coût, que l’État doit rester mobilisé dans la perspective d’une pandémie grippale de type H5N1 qui risque un jour ou l’autre de frapper le monde. Nous n’avons pas géré en situation réelle une crise de moindre gravité pour nous trouver pris de court par une situation qui mettrait immédiatement en cause trop de vies humaines et le fonctionnement de la société.
De la même façon, il convient, après Xynthia, de protéger la vie des habitants les plus menacés, en les indemnisant bien sûr, et de le faire dans des conditions incontestables au niveau du périmètre de sécurité.
Toute la problématique d’une gestion de crise, face à un risque majeur, est donc le meilleur équilibre possible à trouver entre la maximisation de la menace et l’application de mesures justes et réalistes. On le vit encore aujourd’hui avec le nuage de cendres provenant d’Islande.
Personne n’a l’air de vraiment contester les mesures de précaution. Mais après coup viendront, comme toujours, les premières critiques : fallait-il vraiment en faire autant ? Certains vols n’ont-ils pas été exagérément annulés, le coût économique est-il vraiment justifié par rapport à ce gros nuage qui n’a fait que passer, etc…
Peut être au fond, compte tenu de tous les éléments que je viens de décrire, l’État est-il condamné à être accusé soit de ne pas en faire assez comme lors de la canicule, soit d’en faire trop comme pour la grippe A.
À choisir entre les deux, je laisse à chacun le soin de dire ce qu’il préfère.
L’HYPER-PRESIDENT HYSTERISE NICOLAS DOMENACH
Voici Nicolas Domenach bien emporté, cette semaine, dans l’hebdomadaire Marianne, pour faire d’un échec électoral aux régionales un séisme présidentiel national.
Il manque un grand absent dans son panorama, c’est la crise. Elle crée évidemment un phénomène de halo autour de la plupart des réformes qui ont été engagées. Mais elle ne les efface pas. Ni les heures supplémentaires défiscalisées pour les ouvriers. Ni la diminution de la caution pour louer un logement. Ni les 40 à 50 % de trains ou de métros que vous avez en période de grève avec le service minimum. Ni le retour au travail de bénéficiaires du RSA. Ni le retard rattrapé de la France par rapport à ses voisins sur les droits de succession. Ni l’augmentation des contrats de transition professionnelle ou de l’activité partielle. Ni la baisse des charges des entreprises avec notamment la suppression de la taxe professionnelle. Et je pourrais en écrire sur 3 pages…
Nicolas Domenach ne doit pas prendre ses désirs pour des réalités. Il y aura une sortie de crise, ce pays repartira. En période de croissance, il faut libérer les énergies pour créer le maximum d’activités et d’emplois. En période de crise, il faut encore plus protéger les plus faibles (toutes les mesures d’urgence, en 2009, ont concerné les Français les plus touchés par la crise). Cela n’a rien à voir avec jouer au yo-yo entre libéralisme et régulation. Dès 2007, le projet présidentiel était beaucoup plus équilibré et plus gaulliste que ne feint de le croire Nicolas Domenach.
Ne surestimons pas ce qu’il appelle « les creux dépressifs ». Il est vrai que le « nous » collectif n’a pas le moral. Mais le « je » individuel, dans toutes les enquêtes (salariés, patrons, cadres, etc.), est beaucoup plus volontaire. Tout le monde convient (sauf Nicolas Domenach ?) que la France a traversé cette crise beaucoup mieux que la plupart de nos voisins. Cela finira par se voir et se savoir sans même se demander si la concurrente de 2007 l’aurait mieux dirigée.
Enfin, il faut rester calme sur le leadership présidentiel prétendument menacé. Les majorités sont vivantes et donc parfois bruyantes. Elles savent aussi où se situent les véritables enjeux et les vrais risques. Le Président est là et bien là. Sa légitimité est entière, ceux qui en doutent en auront la démonstration dans les mois qui viennent. Le journaliste conclut sa diatribe en écrivant que le Président pédale dans le vide. Je veux le rassurer. Je ne sais pas si vous faites du vélo mais un vrai cycliste, surtout par grand vent, ne pédale jamais dans le vide.
Les fantasmes sur le Front National
Dans son bloc-notes de l’hebdomadaire Marianne, Jean-François Kahn théorise comme d’autres sur la remontée du Front National et va jusqu’à imaginer une alliance future inéluctable entre une UMP affaiblie et un Front National revigoré.
Remettons d’abord les choses à leur juste place. Cette « percée » du Front National a été d’autant plus limitée qu’il a été éliminé du second tour dans plus de régions qu’en 2004 ce qui est quand même un indicateur de perte d’influence nationale.
Admettons aussi que le score du Front National et celui de la gauche sont apparus d’autant plus élevés que l’abstention d’une partie de la droite républicaine a été significative.
Et puis relevons que la situation est bien différente pour des élections présidentielles ou législatives, des consultations à enjeux forts et participation électorale massive.
Jean-François Kahn rejoint dans ses analyses la thèse de M. Todd, démographe, qui déclarait dans Libération du 18 mars « au point que, par défaut, le Front national se retrouve presque en situation d’occuper le rôle de la droite traditionnelle ». Il est vrai que M. Todd a de la constance dans l’analyse … et l’erreur. Il pronostiquait déjà, pour la présidentielle de 2007 un effondrement des deux grands partis qui selon lui « n’intéressaient plus personne » et un triomphe du Front National. On sait ce qu’il en est advenu.
Il me semble que nous sommes ici dans une sorte de fiction, d’obsession, la résultante d’une forme d’hystérie anti-Sarkozy.
Lorsque Nicolas Sarkozy, candidat aux présidentielles, fait reculer le Front National, il est accusé de courir après l’extrême droite. Et les mêmes, 3 ans plus tard, exagèrent à souhait la remontée du Front National, toujours pour l’accabler.
Certains devraient ouvrir les yeux, voir un peu partout en Europe une montée du populisme accentuée par la crise, les difficultés sociales, la peur du déclassement, sans commune mesure avec ce qui se passe en France. On ne fait pas baisser la fièvre en cassant le thermomètre mais en apportant des solutions, en réformant, en modernisant ce pays dans la perspective de la reprise, en prouvant – et c’est ce sur quoi Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 – que le syndrome de la dépossession du politique par rapport à l’économie et la finance mondialisées n’a rien d’inéluctable.
Elle est bien là, au delà des anathèmes et des outrances, la vraie réponse à l’inquiétude et parfois la désespérance : avoir encore prise sur notre destin.